martedì 25 agosto 2015

Aventures et rencontres à la montagne..

Puigcerdà, le 24 Août 2015

Cela faisait longtemps que je ne donnais pas de mes nouvelles..
J'ai été pas mal pris et les conditions dans lesquelles j'ai voyagé pendant les deux dernières semaines ne me l'ont pas permis..

Mais en voilà le détail..

Je vous avais laissés avec mon ascension du Mulleres et la blessure qui avait été causée par une rencontre rapprochée avec une pierre..
Mes chaussures, principales responsables de ma glissade, ont été envoyées à la retraite..ça a été dur de les déposer sur le fond d'une poubelle, mais c'était bien le temps..je les avais cousues deux fois et la semelle avait disparu dans plusieurs endroits..



Ce jour même, mon copain Roberto, un frère acquis lors de mon voyage en Australie il y a 5 ans, venait me rendre visite et passer une dizaine de jours avec moi dans les montagnes des Pyrénées Espagnoles.
On a donc dû retarder notre départ d'un jour, le temps de repos que m'a indiqué le docteur.


Ensuite, après une visite de contrôle des points de suture (pendant laquelle je parlais au docteur et à l'infirmière de mon voyage et ils m'ont fait un prix et rempli de matériel que j'aurais dû acheter à la pharmacie!) on reprend le GR 11, ensemble.


Par derrière, on dirait de voir un camion sur un chemin de montagne!

Depuis le camping, le premier morceau est une piste forestale sans intérêt que j'avais déjà parcouru en rentrant de mon ascension du Perdiguero, on décide de faire du stop, et malgré le fait d´être deux et d'avoir deux sacs qui comptent pour deux autres personnes, après dix minutes un agréable monsieur qui allait faire de la rando pas loin nous donne un passage jusqu'au début d'une autre piste forestale mais qui cette fois n'est pas possible à détourer..elle ne sert que pour un bus qui monte à Puente de Coronas, où un petit refuge libre est le point de départ pour les ascensions de l'Aneto depuis sa face Sud. Ce bus coûte 15 Euros aller-retour.


On a donc fait à pied cette piste et en arrivant au refuge on est surpris par la beauté du lieu. Mais il y a plein de monde!! Roberto est surpris par le manque de pudeur d'un groupe de jeunes filles qui se baignent nues dans une rivière juste devant le refuge..


On fait une sieste allongés dans l'herbe avec le soleil qui nous caresse et on repart. Cette nuit on veut camper près des lacs avant le Collado de Vallibierna.










On trouvera deux emplacements très jolis avec de superbes vues, mais on sera réveillés par le bruit des gouttes de pluie qui s'abattent sur la toile imperméable de nos tentes.
On attend qu'il arrête de pleuvoir, prépare les sacs et repart au plus vite possible.
Mais cela ne nous évite pas le pire!
Juste au moment de traverser le Collado de Vallibierna, à 2700m, les gros nuages noirs qui nous poursuivaient cognent contre l'autre front qui vient juste d'en face.
Nous, juste au milieu de la tempête, vivons le tout assez fortement.
Le vent nous déplace, la grêle nous griffe la figure dans les coins qui dépassent de l'imperméable..
des rivières coulent le long du GR..
On doit tenir le coup.
"Ne faisons pas de faux pas!" je rappelle à Roberto. Il faut faire attention à garder la concentration sans se faire prendre par la panique. Une entorse ou une glissade nous compliquerait la tâche.
On voit enfin de loin une construction comme un refuge, qui n'était pas sur la carte.
On fonce vers elle..
En arrivant, on se rend compte que c'est un refuge en construction, et que la partie du bas est ouverte en cas d'émergence.
C'est une émergence.
On s'abrite et enlève les habits trempés. On pend tout pour que ça sèche. Ensuite on se met dans nos sacs de couchage pour nous réchauffer.
Après environ une heure dans les sacs de couchage, on entend un bruit..puis une ombre apparaît sur l'ouverture de la salle où, une fois les travaux terminés, il y aura une porte..
Roberto bouge, elle a peur.. on la rassure..c'est Lucie, une randonneuse tchèque.
Je décide donc de me servir de ma nouvelle création: à Benasque j'avais en fait construit un didjeridoo, instrument musical tribal, avec des tubes de plombier que j'ai ensuite sciés et assemblés.
Après tant de temps dans les montagnes je languissais la musique en compagnie.
C'est l'occasion ou jamais.
Je commence..mais voilà apparaître deux jeunes israéliens.
Un d'eux rassemble les poêles et les casseroles et se fabrique des percussions, qu'il joue de façon impeccable.
L'autre jeune se servira de sa bouche et de un morceau de tube pour faire des sons qui rentrent bien dans la mélodie répétitive que l'on joue.
Lucie, de temps à autre, laisse sa voix s'exprimer avec des chants délicats et harmonieux.
Le résultat est incroyable: 3 heures de transe, une jam session entre inconnus, à 2500 m d'altitude, pendant que dehors l'orage se défoule..

On partagera tout: notre nourriture (ils sont tous végétariens!!), nos boissons.. Comme une famille d'une nuit..
Lucie n'a pas de matelas et le ciment pourrait être très froid pendant la nuit. On met donc nos quatre matelas l'un à coté de l'autre et on y dort à 5.

Au réveil, c'est dur de se saluer mais on est très gratifiés par la rencontre et par l'expérience très profonde.



Avec Roberto on redescend vers le Refugio de Conangles, où passe la route nationale qui monte à Vielha dans le Val d'Aran et qui marque la limite entre Aragón et Catalunya. On est donc en Catalunya!









On avait prévu assez de nourriture pour pouvoir traverser le parc de Aigüestortes, mais l'orage qui nous a ralenti ne nous le permet plus.
On doit donc faire du stop et passer de l'autre côté du tunnel, pour faire des provisions à Vielha.
Mais quand on demande les prix des campings on comprend vite que cet endroit est bien trop friqué pour nous, donc on refait du stop avant le coucher du soleil et un couple nous aide à retraverser le tunnel de Vielha.
On est de retour à Conangles.
Mais il n'y a plus de place dans le refuge. Tant pis, on campera en cachette pas loin du refuge..pendant qu' on mange un bout, on doit se cacher car une voiture approche..mais rien ne se passe..
Au petit matin, on retourne au refuge, et on y discute agréablement avec les gérants et les montagnards qui sont en train de prendre leur petit déjeuner.
 Ensuite c'est reparti. Cette fois, on traversera le Parc National d'Aigüestortes y del Estany de Sant Maurici.
La montée commence à la hauteur du tunnel de Vielha.
On prend le GR 11, l'option de faire une partie de la Haute Route des Pyrénées en passant par les Besiberris, des montagnes de 3000m de hauteur, ne convainc pas Roberto.


Tout de suite on doit traverser une mer de brebis..


Ensuite ça monte gentiment. On monte sans être pressés et avance vers le Refugio de La Restanca.





Les eaux des étangs que l'on croise sont d'une couleur très foncée et donnent un effet magnifique au paysage rocailleux..





On descend dans une vallée, et ensuite on continue en longeant la pente droite.. ça descend, ça passe à travers une forte présence végétale, et ensuite ça remonte..le dernier morceau de chemin avant d'arriver au refuge nous donne du plaisir avec de petits moments de facile escalade.



Voilà enfin le Refugio de La Restanca et le barrage qui le situe près d'un lac..


On profite donc du refuge pour se doucher, charger les batteries et laver nos habits. Le refuge est complet mais on nous dit qu' on nous arrangera une place dans la salle à manger.
Pendant la soirée, suite à un désistement, on nous dira que l'on peut dormir dans de véritables lits superposés dans une chambre au dernier étage avec une trentaine de places, une desquelles occupée par un ronfleur de haut niveau !!
On repart le jour suivant avec le plein d'énergies et les fringues qui pendent de nos sacs.




Le premier col à franchir nous oblige à contourner un magnifique étang..





Une fois en haut, nous voilà dans le parc d'Aigüestortes!




Le parc est plein d'étangs et le GR 11 en parcourt un grand nombre..



On redescend, pour pouvoir enfin remonter et franchir un deuxième col..
La journée est ensoleillée et on marche avec plaisir. J'arrive en haut un peu avant Roberto, et une fois qu'il arrive je lui annonce vouloir grimper en haut de la montagne à notre gauche, car j'ai cru voir un passage intéressant pour en rejoindre le sommet.
Il m'attendra en bas..



Je monte rapide, juste quelques passages un peu compliqués me donnent ma dose quotidienne d'adrénaline..en haut la vue est très jolie et dégagée..




le deuxième col vu du haut de la montagne
Voilà qu' enfin on redescend..cette fois pour de bon.
On se dirige vers le Refugio de Colomers. Il est plein de monde, on y prendra juste une petite pause, avant de repartir chercher un endroit où camper (il faut rappeler que dans le parc de Aigüestortes il est interdit de camper, même pendant la nuit..c'est un des parcs espagnols les plus restrictifs..)





Le Refugio de Colomers


Des étangs, encore des étangs..




Enfin, en montant vers le Port de Ratèra, on aperçoit à notre gauche une petite cabane qui a perdu la moitié de son toit ..en s'approchant on se rend compte que plusieurs personnes ont déjà décidé d'y passer la nuit.
En gardant la cabane derrière mon dos, je regarde en face de moi.
La montagne en face a une fissure qui me permettrait de grimper jusqu'à un petit plateau..et si on pouvait y camper? Ça vaut le coup d'aller voir..
Enfin, après avoir grimpé, j'avance et trouve l'endroit idéal où camper, sans que personne puisse venir me déranger pendant la nuit.. Roberto ne se sentira pas tranquille car en cas de pluie ça pourrait s'inonder et il campera donc près de l'étang, avec une vingtaine d'autres montagnards.
On dîne avec 3 jeunes de Girona et on repart, chacun "chez soi".

Ce n'est que au matin suivant que je me rends compte d'avoir oublié au refuge de La Restanca mon localisateur GPS, près d'une fenêtre!! NOOOOON!

"On fait comment??"

Après avoir bu un litre de café au lait et avoir mangé une tablette de chocolat au lait, je décide:

"Toi, Roby, tu vas à Espot (notre étape de la journée..) tandis que moi, je retourne au refuge, je reviendrai ici chercher mon sac et ensuite je te rejoindrai à Espot!"

Ça avait l'air impossible, mais je m'y mets..d'une allure très soutenue, en moins de 4 heures je suis de retour à la Cabaña de Obago!!!! Personne ne peut le croire!!
Le long de mon chemin plusieurs personnes sont impressionnées par mon allure..




Je reprends mon sac et repart vers le Port de Ratèra..






Une fois en haut, je redescends vers le Estany de Sant Maurici. Je demande à ceux que je croise si ils ont vu un mec barbu avec plein de drapeaux sur son sac à dos..



J'arriverai à Espot, après plus de 40km, 2300m de descente et 1715m de montée, juste une demi-heure après Roberto!!
Il m'attendait au camping avec Hector et Salva, deux catalans de Lleida qui avaient campé près de la cabane.
Ils m'applaudissent, ma prestation les a plus que surpris!!!
On partagera la parcelle de camping, tous les 4..trois tentes seront montées..la mienne servira pour les 4 sacs, en cas de pluie.

Le jour suivant Roberto profitera de l'offre des jeunes de Girona qui lui avaient proposé de le redescendre à Girona, d' où trois jours plus tard partira son avion en direction du Maroc..

On se salue, mais on sait que on se reverra bientôt, quelque part..

Je ne peux pas penser de marcher, je suis encore fatigué par mon exploit du jour avant. Salva et Hector décident aussi de prendre un jour de repos.
Ils font une partie du GR 11, de Conangles à Andorra. On s'entend très bien, et sans avoir besoin de se le dire, on décide de continuer ensemble.
Le jour de repos nous permettra de bien manger, mais surtout de partager notre passion pour le vin rouge !

On se réveille sous la pluie. Mais il faut avancer. Ils avancent, je dois repasser par Espot et acheter un bâton de marche car l'un des miens s'est cassé lors de mon marathon.. On se donne RDV à La Guingueta d'Aneu, où ils ont prévu de s'arrêter pour manger (je ne mange presque jamais à midi, juste un fort petit déjeuner et ensuite le dîner..le jour, je marche sans prendre de pause).

Le long du chemin je trouve plein de Mollerics, des champignons très bons.


En plus de partager la passion pour le vin rouge et la montagne, on est tous passionnés de champignons.. On en cueillera des tonnes, chaque jour.


On repart ensemble de la Guingueta, direction Dorve, un hameau abandonné où un homme que l'on nous indique comme être "hippie" est en train de se retaper une baraque.
On passera la nuit dans nos tentes, près d'une ancienne chapelle dé-consacrée qui nous fournit un abri de la pluie qui tombe.
Un chamois vient manger des herbes qui poussent près de la route.


Le jour suivant on rejoint le refuge de Estaón avant que la pluie puisse nous tremper.
On partage les cèpes que l'on a trouvé le long du chemin avec les occupants du refuge, parmi lesquels un couple de japonais de une soixantaine d'années.
Ils sont surpris que l'on mange les champignons que l'on a cueilli nous mêmes.. Et avec du thym cueilli à la montagne !
Le carpaccio de cèpes est délicieux.
Les gérants du refuge avaient déjà entendu parler de moi, de ce mec bizarre qui vient de Galice avec un gros sac !
On repart et établit notre campement au milieu d'un autre hameau abandonné : Bordes de Nibrós.
La nuit il fera un froid très humide et le réveil sera dur.
On prend le petit déjeuner dans une étable et on monte vers le Col de Jou, qui nous permettra de rejoindre la vallée au fond de laquelle se trouve Tavascan.






Tavascan 

Dans cette ville connue pour ses pistes de ski on peut faire des provisions, mais on commet l'erreur de manger dans un restaurant. Résultat : cher et toujours affamés.
Mais bon, les sacs sont pleins de nourriture, et il y a aussi une surprise pour la soirée !
On monte le long d'une forêt très pentue jusqu'à quand on trouve un endroit où placer nos tentes.
On cuisine, de délicieux champignons, histoire de changer !
Et en digestif la surprise : deux bouteilles de Ratafia, une liqueur catalane faite avec des noix vertes.
Ensuite, je joue du didjeridoo.
Mes compagnons, qui l'écoutent pour la première fois, sont surpris par son son !
Et dire que il se sont souvent moqués de moi pour les tubes que j'accroche à mon sac et que tout le monde a la curiosité de me demander ce que c'est !
Atmosphère magique, encore une fois, le long d'une pente..



Le matin suivant on est réveillés par les japonais qui passent près du campement. Ils adorent la façon que l'on a de camper sauvage !

On refait les sacs et continue la forte montée qui nous portera à 2200m, au Col de Tudèla, le passage vers la vallée où se trouve Àreu.
La descente est très prononcée, dans un bois de pins qui ne laisse aucun répit.
Mais il commence à pleuvoir. Il faut accélérer.
On recroise les japonais.
Mes compagnons me font noter leur surprise à voir apparaître un "Conan le Barbare qui dévale la pente en courant entre les pins avec un sac géant".
Mais le sprint nous permet d'arriver au camping à Àreu, monter les tentes, y mettre les sacs avant que un orage ne se déclenche. On l'entendra avec sa force dévastatrice pendant que l'on sera confortablement sous une douche chaude.




On doit descendre dans la ville plus grande, Llavorsí, pour que je puisse me faire enlever les points au genou.
Mais comment faire ? Il pleut fort, et on devrait faire 25 km aller et retour en stop.
On en discute pendant que l'on lave nos affaires. La femme qui fait sa vaisselle derrière nous nous demande pourquoi on doit aller à Llavorsí. J'explique ma nécessité médicale.
Elle me dit être médecin, me demande de lui amener mes ciseaux à ongles et en deux minutes, dans la salle attribuée au lavage, je n'ai plus de points !! Pas mal !!!

Le jour suivant on redescend à Llavorsí, calmement et par beau temps.
On fait nos courses, profite du marché pour manger de délicieux fruits et légumes de potager.
Mais il y a un problème : je ne trouve nulle part la bonbonne de campingaz qui me sert..comment faire ?
Le jour suivant j'avais prévu de faire l'ascension de la Pica d'Estats, le point le plus haut de Catalunya.
Mais mes compagnons de voyage, qui continuent vers Andorra, me proposent de partager leur gaz.
C'est donc avec plaisir que j'abandonne mon projet d'ascension du toit de Catalunya et passe deux autres jours avec une compagnie que j'apprécie beaucoup.

Au retour au camping on est surpris de voir que nos habits, étendus à sécher, sont presque secs. À Llavorsí il a plu. Pas ici??
Les japonais, qui avaient leur tente près de la nôtre, nous avouent que quand la pluie a commencé, ils ont rentré tous les habits dans leur tente et ensuite les ont re-étendus une fois que les nuages s'étaient éloignés!
Quelle belle surprise ! Ce sont de bonnes personnes, on les adorait déjà, mais maintenant on en est carrément amoureux !

Le jour suivant c'est reparti : 1400 m de montée nous attendent, avant de rejoindre le Refugio de Baiau, à 2500m.

La première partie de la montée se fait dans un bois qui, suite aux fortes pluies des jours précédents, est rempli de champignons!
On ne fait que de s'arrêter pour en cueillir, et on doit faire un arrêt pour les cuisiner tous..


On mangera un riz aux cèpes et on cuisinera le reste des champignons..








Suite à nos exploits mycologiques on arrive au refuge assez tard, vers 20h.
Les japonais y sont déjà depuis 15h!
Le refuge libre, qui a 9 places, est plein à craquer.. On doit choisir un endroit assez sec où camper.
Une fois installés, je monte au refuge pour emmener les champignons cuisinés aux japonais, qui sont malheureusement déjà en train de dormir. Je les offre donc à ceux qui sont en face du refuge. Parmi eux, un couple d'allemands qui voyage avec une guitare.
L'homme me dit avoir remarqué le didjeridoo qui pend de mon sac et avoir sur lui un tambourin.
Je cours donc chercher mon instrument !

C'est reparti.. Musique d'altitude dehors du refuge.. Transe, rythmes tribales.. On se laisse transporter.. Sa compagne joue de l'ocarina..
Tout le monde dort dans le refuge.

En repartant vers ma tente, je me rends compte que trois personnes bivouaquaient dans leurs sacs pas loin de nous..peut être que on a exagéré !

Je me couche.

Au matin il fait trop froid près du lac, on monte prendre le petit déjeuner devant le refuge, où le soleil réchauffe déjà les montagnards..
À notre arrivée, les trois du bivouac sont là.

Ils m'accueillent chaleureusement : "Merci pour hier, c'était magique !! On était dans nos sacs et on ne pouvait penser qu'à une chose : s'il te plaît, ne t'arrête pas !!!".

Comme quoi..




Le Refugio de Baiau, à droite

On repart en direction d'Andorra, qui se trouve juste derrière la Portella de Baiau, à plus de 2700 m.
Cet endroit, l'année dernière, pendant que je parcourais une partie du GR 11 en sens inverse, m'avait donné des frissons. La descente, avec le gros sac, avait été compliquée et dangereuse. Mais la montée, malgré la forte pente, ne sera pas aussi problématique.


Une fois en haut, en face de nous voilà le Comapedrosa qui, avec ses presque 3000m, représente le point le plus haut d'Andorra.
On est pressés car mes compagnons ont RDV au refuge de Comapedrosa avec un pote à eux qui vit à Andorra et qui les hébergera la nuit, avant qu'ils repartent le jour suivant vers Lleida, où ils reprendront leurs vies ordinaires.
Malgré ça, Salva et moi sommes tentés par son ascension.
Je peux voir le chemin pour monter.
Je crois que ça peut se faire rapidement.
Un homme près de nous dit qu'il faut une heure pour monter en haut.

On décide d'y aller. Après 10 minutes j'étais en haut.
Salva arrive après 5 minutes, en me laissant le temps de faire une autre montagne pas loin..




La descente me permet de m'amuser et me fournit ma dose d'adrénaline. On emprunte un pierrier pentu, et je le dévale en courant, en sautant les rochers plus grands, en glissant sur les graviers.. En 5 minutes je suis à mon sac.
Hector, qui a assisté à tout ça depuis l'endroit où on avait laissé nos sacs exclame: "Quel chevreuil! Te regarder monter, mais surtout redescendre cette montagne est un régal !! C'est incroyable comment tu fais ça !!".

On croisera le monsieur qui disait qu'il fallait une heure. Il dit tout juste :"Hola crack!" (En espagnol, être un crack signifie envoyer du lourd..).
Hector me dit: "Tu vois cet homme qui vient de te traiter de crack? Pendant tout le temps que tu montais puis descendais il était à côté de moi. Il ne pouvait pas y croire..Il m'a demandé où on t'avait trouvé !!"

Ensuite on est redescendus à Arinsal, où malheureusement j'ai dû me séparer de mon agréable compagnie pour reprendre le chemin seul.




Je commence la montée vers Arans dans un bois de pins avec une forte pente.
Mais je serai vite fatigué.
Une fois trouvés des arbres avec les caractéristiques que je recherche, j'installe mon hamac, me cuisine et me met vite au lit.


Le jour suivant je traverse Andorra presque en entier.. Monte, descends, remonte, redescends.. Je passe par Encamp, où je fais des provisions pour les 4 jours suivants et repart vers le refuge de Fontverd, que je ne sais toujours pas si j'arriverai à rejoindre.
Les 35kg de mon sac me font pousser des cris pour m'aider à trouver les forces nécessaires pour monter tout ce poids le long du chemin.










Encamp

Je rencontre un homme de Barcelona, Jorge, avec lequel j'ai une intéressante discussion. On repartira ensemble vers Fontverd. Il fait aussi le GR 11.
On arrivera au refuge à 22h, à la frontale.
Pas de place, je devrai dormir par terre, mais aucun souci.
Je mange, joue un peu de didjeridoo et au lit. À mon réveil, Jorge n'était plus là.. Il pleuvait.
Quoi faire?
Je ne suis pas pressé.
J'attends.
Je prends mon petit déjeuner, ensuite mon repas..tout le monde est reparti, je suis seul.. des randonneurs arrivent et prennent leur repas sur les tables en face du refuge.
Une fille seule me demande des renseignements, en anglais, sur la météo.
Elle s'appelle Hakke, et vient des Pays Bas.
Elle fait le GR 11, seule. Elle a 19 ans!
On discute pendant deux heures, ensuite le temps s'améliore et on décide de repartir..elle ira la première, je dois encore finir de faire mon sac.






Mais après une heure plus ou moins, le temps vire une autre fois à l'orage..j'arrive juste à temps à la Cabaña de Riu dels Orris avant que les nuages ne déversent leur contenu liquide sur les montagnes d'Andorra.
Je me réjouis du timing parfait, cette fois aussi..après 10 minutes voilà apparaître Hakke..elle avait continué vers le prochain refuge mais avait vite changé d'idée et avait fait demi-tour.
On s'habitue donc à l'idée de passer la nuit dans cette jolie cabane, avec une cheminée pour faire du feu et une rivière qui passe juste en face.
Deux belges arriveront plus tard, et ensuite deux allemands.
Ces derniers, en plein milieu d'un voyage en stop pour l'Europe, s'étaient retrouvés dans les montagnes d'Andorra dans le but de traverser jusqu'en France.
Mais ils n'avaient rien à voir avec la montagne.
Ils ont voulu faire un feu juste devant la cabane.
J'ai bien souligné la différence entre être à la plage et à la montagne, en disant que je n'étais en aucun cas d'accord pour allumer un feu au mois d'août dans une forêt, mais je ne suis pas leur nounou..ils l'ont donc fait.
Leur façon de faire très peu respectueuse du milieu montagnard m'agace et me fait passer la nuit à l'intérieur de la cabane. Hakke aussi se sent offensée par leur comportement si différent de celui de tous les autres montagnards que l'on peut croiser le long de notre chemin.

Au matin suivant ils prendront la même direction que nous, mais je prendrai les distances dès le premier km..Hakke les supportera pendant une heure avant de s'en séparer suite à leur pas excessivement lent.

J'avance seul, passe le Refugi de l'Illa, à 2500m, où j'avais passé la nuit l'année dernière.







Le Refugi de l'Illa, à droite
Le refuge est en construction car ils sont en train de le transformer en refuge gardé. Les refuges libres de Andorra sont connus pour être très propres et en très bon état.
Après le refuge et son barrage, le col me permet de passer une autre fois en Catalunya, en laissant Andorra derrière moi..






Une fois en bas de la vallée, il va falloir remonter vers le Collado de Calm Colomers, et je trouve une pancarte qui pour la première fois indique le Cap de Creus, la fin ultime du GR 11!! J'y suis presque!!




Collado de Calm Colomers








Le Refuge de Folch i Girona

De l'autre coté, je repasse en face du Refugi de Folch i Girona, où j'avais dormi l'année dernière.
On y voit bien la différence entre les refuges libres d'Andorra et les espagnols.
Il est sale, plein d'ordures. Derrière le refuge, un tas d'ordures. Quels animaux ont bien pu faire ça???
Je continue, malgré la tristesse d'appartenir à une espèce capable de ça.

Une vache est allongée près d'une rivière..elle ne se relèvera plus.





Je m'approche du Refugi de Malniu, à 2100m. Une fois rejoint, je demande des informations sur le Puigpedrós, une montagne de presque 3000m qui n'est pas loin du refuge, qui est utilisé comme point de départ pour en faire l'ascension et qui peut être rejoint par une route.
La gérante du refuge me dit que il me faudra environ 2h30 pour arriver en haut..donc environ 4h aller-retour je suppose. Je demande si ils ont un endroit où pouvoir laisser mon sac le temps de faire l'ascension.
Elle accepte de me le garder elle-même mais se préoccupe..le temps est en train de changer, il pleut un peu et en haut de la montagne il y a du brouillard..je la rassure: j'emmène mon GPS.
C'est parti! Enfin sans sac, je peux profiter de l'ascension.
Montée très constante, j'avance vers le Puigpedrós.
En arrivant, le brouillard qui le couvrait le dévoile à mes yeux `pleins de merveille!
J'ai bien de la chance, même pas une goutte de pluie!
Le pierrier qui constitue la pyramide finale du sommet me permet de monter en haut sans me soucier du chemin, qui passe plus à droite, alors que je coupe directement en escaladant vers le sommet.
Après 59 minutes je suis en haut.
Mais ce n'est pas le moment d'y passer trop de temps, je suis trempé de transpiration et il y a un fort vent..je redescends donc en courant le long du chemin cette fois..
Une famille qui arrivait au sommet, les seuls sur la montagne en ce moment, est très surprise de me voir descendre car je ne les avais pas dépassés, j'avais escaladé l'autre façade.
Le père me demande si je suis sorti des rochers!!
Je descends en courant sur les rochers, en sautant de pierre en pierre.
Je serai de retour au refuge après une descente qui m'aura pris 29 minutes.

Au refuge, Hakke vient d'arriver.

Elle rigole quand elle comprend ce que je viens de faire.

Les gérants et les occupants du refuge sont curieux..mon sac est gros, le tube etc.. ils me posent plein de questions et les réponses les fascinent! Ils adorent mon projet.
Tout le monde me fait ses meilleurs voeux pour mon voyage.

Le gérant, adepte de courses de montagne, dit que lui habituellement monte en haut du Puigpedrós en 47 minutes, mais que il ne comprend pas comment c'est possible que j'ai pu descendre en 29 minutes car il lui en faut 45 environ!!


Et tout ça, après une longue journée en marchant avec 30 kg sur le dos.


J'ai eu mon petit bonus, je suis content.

Je descends, vers le Refugi de la Faixa, où Hakke est en train de m'attendre. Ce Refuge libre est dans un état pitoyable, mais deux jeunes y sont en train de faire des travaux.
C'est des jeunes du coin. Ils vont retaper et ensuite gérer ce refuge, en proposant des activités pédagogiques, des produits locaux et bio etc ... un projet qui a tout mon respect et que je suivrai sur internet avec intérêt..
On passera la nuit à l'abri, juste Hakke et moi.
Je mangerai encore des champignons que j'ai cueilli le long du parcours.



L'intérieur du Refugi de la Faixa
Refugi de la Faixa, avec Hakke
Le matin suivant, on redescend en direction de Puigcerdà. J'ai l'intention de passer une nuit en camping pour prendre une douche (après 5 jours..), laver mes affaires et charger les batteries (et cuisiner les champis que j'ai cueilli...).
Hakke continuera, mais elle veut éviter de marcher le long de la route comme le prévoit le GR 11 pendant les 6 prochains km.. elle essaye de faire du stop mais je ne sais pas pourquoi ça ne marche pas..je suis de l'autre coté de la route, peut-être que les gens pensent que l'on est ensemble? Je la laisse s'éloigner, elle aura peut-être plus de chance..

Bonne route, petite montagnarde courageuse..